Contrairement à ce que laissait présager la montée en puissance des services AVOD et BVOD, la guerre du streaming n’aura pas lieu – du moins pas sous la forme attendue. TF1 a surpris le marché en annonçant un partenariat inédit avec Netflix : sa plateforme TF1+ sera prochainement disponible sur l’interface du géant du streaming. Dans la foulée, France.tv a signé un accord similaire avec Prime Video. Ces rapprochements marquent une nouvelle étape dans l’hyper-distribution des contenus des broadcasters et l’intégration de la BVOD dans l’écosystème AVOD.
Ces mouvements soulignent une convergence accélérée entre TV linéaire et streaming, dans une logique d’extension d’audience, notamment vers les jeunes générations. En entrant dans les plateformes AVOD, les chaînes TV élargissent leur diffusion et participent à la transformation des plateformes en véritables hubs de divertissement intergénérationnels.
Pour les annonceurs, cette hybridation des écosystèmes représente une opportunité de maximiser leur reach et d’accéder à des inventaires plus unifiés. Reste à suivre les modèles de monétisation qui émergeront de ces nouvelles alliances.
L’hyper-distribution de la BVOD à son paroxysme
La guerre du streaming n’aura pas lieu ! En tout cas, pas sur le terrain que nous attendions ! Il y a un an, dans « La CTV en France », TF1 annonçait vouloir concurrencer Netflix et les autres plateforme de streaming. Un an et demi plus tard, le groupe numéro 1 en Europe annonce un accord de distribution des contenus vidéos (à la demande) et des flux linéaires de sa plateforme TF1+ avec…Netflix. Autrement dit, tout TF1+ sera bientôt disponible chez Netflix. Dit en acronymes, la BVOD s’invite au sein de l’AVOD. Une « première mondiale » qui ouvre la voie à d’autres accords de ce type ?
La réponse est oui. Le 3 juillet, c’est au tour de France.tv et Prime Vidéo, d’annoncer un accord de distribution des contenus de France.tv directement disponible aux abonnés Prime Vidéo. Ou comment pousser la stratégie d’hyper-distribution à son paroxysme ? Ces annonces mettent en lumière une chose : aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, l’AVOD et la BVOD s’allient et s’appuient sur les forces de chacun pour étoffer leurs catalogues et leurs audiences. L’enjeu, offrir aux annonceurs un espace publicitaire enrichi sur la CTV.
La BVOD dans les plateformes AVOD
Un move surprenant ! C’est en marge des Cannes Lions 2025 que TF1 et Netflix ont dégainé : bientôt, les contenus live et à la demande de TF1+ seront disponibles sur Netflix. Un partenariat qui a de quoi déconcerter ! C’est d’ailleurs un sujet qui aura marqué la semaine cannoise de la publicité. Retentissant, improbable, les qualificatifs manquent. Mais est-ce vraiment une surprise ? Il est de moins en moins rare de voir des collaborations entre broadcasters et plateformes pour la production et la co-diffusion de contenus. Pourquoi ne pourraient-ils pas se co-distribuer les uns les autres ?
Dans notre ebook dédié à la BVOD, nous évoquions que les M6+, TF1+ et France.tv étaient des réponses à l’offre des géants du streaming pour faire définitivement entrer les broadcasters dans la CTV. Pilier de cette stratégie de plateformisation, l’hyper-distribution de ces nouveaux services est clé. Jusqu’ici, les broadcasters ont poussé la porte des opérateurs, celles des fabricants de smart TV et délivrer des applications mobiles.
En intégrant l’univers AVOD, cet axe stratégique atteint-il son pic ? Cela ne fait aucun doute, car en investissant les plateformes de streaming les broadcasters vont chercher des audiences plus jeunes, habituées à consommer la TV sur internet. Cette intégration répond à une logique d’extension d’audiences dans les deux sens.
L’AVOD, une chaîne de TV comme les autres !
La transformation des broadcasters et le développement des plateformes de streaming sont les deux faces d’une même pièce : la CTV. Dans La CTV en France, Jean-Baptiste Moggio, senior brand director de RTL AdAlliance confirme cette « normalisation » des plateformes : « Les consommateurs évoquent indifféremment des plateformes telles que Netflix, et des chaînes de télévision linéaire comme TF1 ou M6 lorsqu'on leur demande ce qu'ils regardent à la télévision ». Cette illustration de l’assimilation des nouveaux usages posent les chaînes de TV et plateformes au même niveau et matérialise la convergence TV-digital.
Au-delà du langage courant, les partenariats BVOD/AVOD offrent des flux live sur les plateformes. Une demie nouveauté puisqu’Amazon a déjà expérimenté la distribution de la Ligue 1 de football et Roland Garros, mais en tant que détenteur des droits. Cette fois, les flux France 2, TF1 et autres selon la plateforme visée, y sont directement accessibles.
Intégrant du live à une offre déjà pléthorique, les plateformes deviennent des hubs de divertissements intergénérationnels : par exemple, Prime Vidéo propose déjà ses contenus enrichis notamment de ceux de Max et Paramount+. Il y a un enjeu de rétention des utilisateurs pour les plateformes dont les formules sans engagement font osciller les lignes d’abonnés au gré des exclusivités, mais aussi d’extension d’audiences.
BVOD et AVOD, nouveaux hubs de divertissement vidéo
Olivier Roberdeau, head of multiscreen chez Mindshare nous le soufflait il y a un an : « Les États-Unis, qui ont souvent un temps d'avance de 2 à 4 ans sur la France, offrent un aperçu de l'avenir. À New York, allumer une TV équivaut à accéder à une multitude d'applications, bien loin de l'accès traditionnel à une chaîne de télévision. Cette évolution de la consommation renforcera la digitalisation de la télévision. » Il semble clair aujourd’hui que le marché opère ce virage vers la TV connectée avec une concentration de l’offre au sein de ces hubs de divertissement hybrides au sein desquels se mêlent la TV des broadcasters et celle des streamers.
Pour les annonceurs et leurs agences, ces « hubs » seraient une opportunité d’étendre le reach de leurs campagnes et de simplifier l’achat et la mesure. Reste encore à savoir comment va se monétiser l’accès à ses inventaires et à connaître les offres qui vont en découler.
Pour en savoir plus à propos de la BVOD et de ses atouts, découvrez notre nouvel ebook :
Et si vous débutez en CTV, notre livre blanc est fait pour vous :