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Partie 1 : Le confinement et son impact sur la télévision

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Pendant huit longues semaines, la crise sanitaire a sévi en France.
Génératrice de contraintes, elle a obligé les français à rester chez eux. Ce confinement a eu pour effet de modifier la consommation TV des français et donc la dynamique d'audience des chaînes. 

Qu’est-ce que le confinement a modifié dans le comportement des français vis-à-vis de la TV ?
Comment les chaines ont-elles géré cette période atypique ?
Que reste-t-il de cette période plus de onze semaines après la fin du confinement ? 
Observe-t-on un maintien de ces nouvelles habitudes ou alors tout au contraire un retour à la normale ?
Telles sont les questions auxquelles nous souhaitons apporter des éléments de réponse.

La consommation TV des français

Pendant le confinement :

Consommation de la TV des françaisLa consommation TV des français a beaucoup évolué durant la crise du Covid-19. En effet, on a assisté à une puissante augmentation de la durée d’écoute individuelle quotidienne de mars à juin. En moyenne, les individus de 4 ans et + ont consacré 4h24 chaque jour à l’écoute de la télévision tout au long de ces trois mois. C’est une augmentation de 34% par rapport à la même période (mars/avril) l’année dernière, soit 1h12 en plus en moyenne.

Tous les publics sont concernés par cette hausse de la consommation, mais ceux qui ont connu une évolution plus soutenue et plus inattendue sont les 15-24 ans (+65%) et les CSP+ (+56%), deux cibles qui, d’habitude, sont plus faiblement présentes en télévision. Les seniors restent les plus gros consommateurs avec une moyenne de 6h18 passées devant la TV, quotidiennement, tout au long de l’épidémie.

Le pic d’audience s’est également déplacé : il est avancé de 43 minutes, soit à 20h49, par rapport à 2019, et se rapproche de l’heure de diffusion des JT nationaux.

Et après :

Au moins de juin, la durée d’écoute individuelle moyenne baisse, ce qui est plutôt bon signe. Signe que la vie reprend son cours, qu’il est à nouveau possible de sortir de chez soi, de retourner au travail, de se divertir à l’extérieur de chez soi, et de partir en vacances. Très logiquement, cela laisse moins de place à la télévision dans la journée ! Pourtant, même si la consommation revient à un niveau normal de consommation et baisse de 41 minutes en moyenne par rapport au confinement, elle atteint 3h43, soit 12 minutes de plus qu’en juin 2019.

Cela peut s’expliquer de plusieurs façons. Tout d’abord, même si la vie reprend son cours, beaucoup de français restent en télétravail, sur un ou plusieurs jours dans la semaine. Le temps de trajet réduit à zéro, et les pauses-déjeuner à la maison permettent aux individus de passer plus de temps qu’avant devant la télévision. Ensuite, la peur du virus et d’une reprise de l’épidémie reste fortement gravée dans l’esprit des français, ce qui pousse une partie de la population, en particulier les personnes à risque, à rester le plus possible à leur domicile. Les loisirs à l’extérieur sont donc probablement remplacés par la télévision.

On peut également supposer que cette hausse de l’audience par rapport à l’été dernier perdure en juillet et en août. En effet, avec les limites posées par les différents pays quant au tourisme et aux voyages estivaux, les français partiront moins à l’étranger, resteront en France, ce qui pourrait maintenir un niveau de consommation TV similaire à celui de juin pendant l’été.

 

Les dynamiques d’audience des différentes chaines

Pendant le confinement :

les chaînes TVAvec le confinement, les dynamiques d’audience des chaînes françaises ont été chamboulées et certaines chaînes ont vu leur audience exploser. Celles qui ont, sans surprise, le plus profité de cette période d’angoisse et de questionnement permanent sont les chaînes d’information, avec + 63% de couverture quotidienne, + 8 millions de contacts par jour et 21 millions d’auditeurs chaque jour. Les français étaient rivés sur les programmes d’information pour essayer de se tenir au courant de l’évolution de la pandémie. L’information a représenté 23% de la consommation totale de programmes, soit 9 points de plus par rapport à la même période en 2019.

Les quatre grandes chaînes d’information (BFM TV, CNews, LCI et FranceInfo) ont toutes vu leur audience gonfler. En mai, BFM TV était 7e chaine nationale, avec 0,6 point d’audience en plus par rapport à mai 2019. Sur ces quatre chaînes, la première semaine du confinement, le coronavirus représentait 75% du temps d’antenne.

Les chaînes thématiques ont également connu une belle hausse d’audience pendant cette période, avec 35% en plus de consommation.

Les programmes culturels ont également fait un bond en avant. Arte s’est placée 8e chaîne française avec 0,4 point d’audience supplémentaire en comparaison à l’année dernière. France Télévisions a aussi adapté sa programmation pour mettre en avant des émissions culturelles avec du théâtre en prime sur France 5.

Enfin, les chaînes historiques, en particulier TF1, France 2, M6 et C8, ainsi que les chaînes d’info, ont pu profiter des records d’audience absolus liés aux prises de parole du Président de la République et de son Premier Ministre. En effet, en moyenne 29,4 millions de français ont regardé les allocutions d’Emmanuel Macron, ce qui représente en moyenne 85% de part d’audience. L’allocution record est celle du 13 avril, regroupant 39,2 millions de téléspectateurs. Les prises de parole d’Edouard Phillipe regroupent, elles, 17,4 millions de téléspectateurs en moyenne.

Et après :

Cet essor des chaînes d’info pendant le confinement est exceptionnel car les français ressentaient le besoin de s’informer. De même, cet attrait pour les programmes culturels est un effet de la quarantaine et une conséquence de la fermeture des lieux culturels ainsi que de la frustration ressentie.

Pour les chaînes d’information, l’audience s’est maintenue en juin avec les différents événements politiques du mois : élections municipales et remaniement du gouvernement leur ont permis de garder leur audience. On peut se demander si cette dynamique perdurera au cours de l’été. D’un côté, l’été, synonyme de détente et de changement d’air, pourrait, après cette période intense, modifier la consommation de programmes et voir se déplacer l’écoute vers des programmes de divertissement.

De l’autre côté, la possible reprise de l’épidémie pendant l’été, ou du moins la peur de cette dernière, pourrait garantir un intérêt constant des téléspectateurs pour l’information.

De la même façon, l’été, accompagné de la réouverture progressive des lieux culturels et de divertissement (théâtres, cinémas, salles de concerts, parcs d’attractions, etc…) pourrait abréger – ou  mettre entre parenthèses – l’attention que les français portent à la télévision pour ses programmes culturels.

 

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